Je ne suis pas une artiste!

Avez-vous déjà été confronté au fameux syndrome de l'imposteur ?
C'est un ennemi implacable, d'autant plus féroce qu'il travaille insidieusement tout au fond de notre psyché et qu'il se répand dans toutes les sphères de notre vie.
« Le syndrome de l'imposteur est une tendance psychologique à la peur et à la remise en question. Il fait douter la personne atteinte de ses propres réussites et l'accable d'une peur persistante et internalisée d'être présentée comme un escroc, et ce, malgré ses capacités démontrées. » (Source : Canadian Medical Association).
Ces quelques lignes décrivent de façon très précise les enjeux de ce syndrome et je peux dire que c'est ce que j'ai vécu tout au long de mon parcours professionnel d'artiste. Remises en questions permanentes, travail acharné au détriment de la vie personnelle, perfectionnisme à outrance pour éteindre les peurs, « échecs » des expositions affreusement mal vécus... Tout est traversé à l'aune de ce syndrome.

Quand le piège se referme
Bien sûr, les premières années de ce parcours ont été plus légères. Personne n'imagine plonger de son plein gré dans une telle vie ! Il faut tout d'abord goûter aux premières sollicitations et expositions, aux premiers engagements avec des galeries, aux salons d'art contemporain... On se prête au jeu avec enthousiasme et légèreté et, petit à petit, sans qu'on y prenne garde, on se retrouve affublé de l’étiquette d'artiste avec tout ce que cela implique. Ce qui n'était qu'une passion, un jeu presque, devient sérieux. S'en vient la responsabilité devant les clients, les professionnels et plus encore devant soi-même !

Notre métier, notre valeur?
En effet, la grande spécificité de la vie d'artiste c'est qu'elle nous confronte de façon très directe à l'idée que l'on se fait de notre propre valeur, je veux dire de la valeur de qui nous sommes entant qu'individu face au monde et face à notre miroir. Bien sûr, ce fait n'est pas propre aux artistes et peut-être l'avez-vous déjà ressenti ou y êtes-vous actuellement confronté. Chacun sait que notre métier et notre activité de manière générale participent à fonder notre place dans le monde. Reconnaissons tout de même que ce phénomène est largement amplifié dans la sphère artistique car y cloisonner sa vie professionnelle et sa vie personnelle est chose impossible.
Le regard de l'autre pèse sans cesse sur nous et le grand danger (auquel je n'ai pas échappé) est de confondre les ventes, les commentaires sur les réseaux sociaux, le nombre de « vus », de « likes » et d'expositions avec notre valeur d'être humain. Dès lors, on imagine aisément les dégâts que peut engendrer ce regard pesant sur qui souffre de cette impression de ne pas être légitime. Tout est amplifié et déformé par le prisme de cette vision tronquée.

Changer de point de vue
Par chance, la vie (le destin je crois davantage), m'a forcée à poser mes bagages. Lutter sur un autre front, celui de la maladie, m'a permis d'envisager les choses sous un angle différent. Et ce premier combat gagné, alors que j’aurais été en capacité de revenir à ma carrière d'artiste, le feu sacré n'est pas revenu. L'envie de créer avait disparu. La perte de confiance et plus certainement la peur d'être de nouveau confrontée aux limites imposées par « l'imposteur » avaient donc réussi à anéantir ma créativité !

J'ai fort heureusement croisé quelques personnes qui m'ont alors tendu la main et surtout aidée à y voir clair. Il y a ceux qui ont toujours cru à ma légitimité entant qu'artiste et qui ne m'ont jamais abandonnée (ils se reconnaîtront) et aussi ceux qui m'ont poussée à me révéler à moi-même pour procéder à une forme de seconde naissance. Je suis désormais convaincue que porter un message à travers la création artistique est ma mission, tout simplement.
Certes, il aura fallu 4 années pour cela mais ce long parcours assoit avec beaucoup de force cette grande certitude.

Au diable l’imposteur!
Le regard que je pose sur ma vie n'est assurément plus le même. Ce cheminement me permet de porter aujourd'hui fièrement ce statut. Je ne suis pas là par hasard, ce n'est pas un jeu de rôle. Je suis désormais en paix avec l'idée que mon travail ne peut pas plaire à tout le monde. Mais parce qu'il est effectué en pleine conscience et avec un grand sentiment de responsabilité, je sais qu'il me connecte à ceux à qui il parle, à ceux chez qui mon message résonne profondément.

Au diable le syndrome de l'imposteur !
Le feu sacré est de retour !
Je suis une artiste !
Et vous, menez-vous actuellement une bataille face à ce démon intérieur ?
Entendez-vous cette petite voix stridente qui vous dit que vous n'êtes pas à votre place ?
Votre perfectionnisme et votre envie d'en faire toujours plus vous épuisent-t-ils ?
Incarnez-vous pleinement et fièrement votre vie ?

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L’écriture pour s’engager